Le ventre vide

Je m’adresse à toi pour la première et pour la dernière fois.

Je n’ai pas de mots assez justes pour exprimer tout le désarroi entourant ta perte.

Un cœur lourd, une tête pleine et un ventre vide.

Un corps qui ne m’appartient plus depuis quelques jours.

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Je m’adresse à toi pour la première et pour la dernière fois.

Il y a encore des traces de ta présence fantôme.

La mousseline de Paris qui traîne dans l’espace qu’on te bâtissait.

Un havre douillet qui manque désormais de chaleur.

On te construisait tranquillement-pas-vite une maison-amour.

Et même en-dedans, j’essayais de te faire de la place.

Je me rénovais le bedon pour t’accueillir. Et ton père me tapissait l’épiderme d’amour.

Une routine de becs pour que tu saches qu’il était là.

Et qu’on t’aimait déjà.

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Je m’adresse à toi pour la première et pour la dernière fois.

Alors que je ne sais toujours pas faire une sauce à spag maison.

Et que ton père a encore troué un mur sans réussir à fixer les cadres.

Des parents imparfaits, tout-croches, qui en ont encore pas mal à apprendre.

Mais qui savent tricoter du bonheur assez doux pour rendre la vie plus facile.

C’est notre force ça, être juste bien, parce que l’autre est là.

Ça rend tolérables les moments difficiles, et ça nous fait même sourire quand les larmes inondent nos visages.

Avoir de la peine avec ton père, même ça, ça ressemble au bonheur.

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Je m’adresse à toi pour la première et pour la dernière fois.

Et j’ai mal.

Mais je veux que tu saches que ces quelques semaines ont été les plus belles depuis longtemps.

Légers. On était tellement légers. Et beaux à voir.

Tu nous as permis de confirmer hors de tout doute que tu es la chose que nous désirons le plus.

Qu’un bout d’humain  mi-moi, mi-lui, c’est beau en maudit.

Que c’est notre maudit beau projet.

On devra simplement patienter davantage.

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Je m’adresse à toi pour la dernière fois.

Oublie-nous pas.

Les petites peluches sont rangées dans un carton, dans le placard.

C’est encore trop douloureux de côtoyer ton absence au quotidien.

Pour l’instant, on cicatrise à coup de je t’aime et on se répare, pour t’accueillir à nouveau.

Mais oublie-nous pas.

T’es notre beau projet.

Et on t’attendra les doigts croisés.

Le cœur serré.

Le cœur gros.

Mais rempli d’amour.

Promis.


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